En quoi consiste la technique du piano?
On distingue généralement deux aspects distincts: la technique purement musicale, indépendante d’un instrument donné, de laquelle découle les capacités de composition, d’interprétation ou d’improvisation, et la technique pianistique proprement dite, soit les capacités corporelles qui permettent d’interagir avec le clavier.

Technique musicale
A mon avis, les capacités musicales sont largement dépendantes d’un don inné qu’on a (plus ou moins) ou qu’on n’a pas. Et c’est notre attirance pour l’univers musical qui va nous révéler la présence d’une telle sensibilité. Cependant les circonstances de la vie peuvent très bien ne pas nous avoir conduit à concrétiser cette sensibilité par l’apprentissage d’un instrument ou du chant. Dans ce cas, nous serons alors un mélomane, parfois très averti.

A l’inverse, il est parfaitement possible que d’autres circonstances de vie mènent une personne sans grand talent au métier d’interprète par exemple. En effet, grâce à des cours d’interprétation et autres master classes, on peut dresser un sujet musicalement peu doué s’il a un minimum de capacité d’imitation. C’est d’ailleurs ce qui a fait dire à une enseignante en classes de virtuosité au conservatoire d’Athènes de ma connaissance: soit l’élève est nul et le professeur ne lui sera guère utile, soit il est doué et le professeur ne lui sera guère utile non plus. Bref, le professeur serait inutile et bon pour le chômage.
Je pense qu’il n’y a pas de règle en la matière. Certains trouveront leur bonheur dans la relation élève-professeur, d’autres préfèreront se frayer leur chemin en faisant confiance à leur instinct.

Technique pianistique
Comme dans n’importe quel autre domaine, il existe de nombreuses méthodes et écoles pour l’apprentissage du piano et de non moins nombreux experts pour écrire des livres qui se contredisent gaiement sur la bonne façon de poser la main, de tenir les coudes, de courber les doigts, etc. Avec pour résultat probable de nous crisper physiquement (il est courant que des pianistes aient des problèmes de mains qui nécessitent une interruption de carrière) et psychologiquement (beaucoup de jeunes talents s’éteignent dégoûtés). De même, il n’est guère raisonnable de faire son église des enseignements rapportés de l’un ou l’autre des grands maîtres du passé; par exemple, Mozart disait qu’il suffisait de pratiquer les trilles, Chopin, d’être très concentré et Liszt, de jouer les gammes en lisant son journal! Par contre, si on prend toutes ces informations comme les différents versants d’une même montagne, tout rentre dans l’ordre. Chacune de ces approches trouvent son sens dans un contexte particulier.

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